La sécheresse, les bassines et la famine
Le ressenti quant à la présence de notre astre, est différent en fonction du lieu où vous vivez. Tandis que le soleil brille en France, malgré que la fraîcheur soit présente à Chartres, le manque d’eau de pluie est criant. Il suffit de regarder nos fleuves et rivières. Que vous soyez en France, en Argentine ou au Kenya, la pluie est attendue avec grande impatience. Elle pourrait rendre le sourire à l’ensemble de ceux qui nous nourrissent, comme de ceux qui risque tout simplement, de disparaître.
Il est agréable de rester dehors, lové dans une énorme écharpe. Je ne sais pas pour vous, mais une température maximale de 10 degrés à Chartres, je me caille. Or cela fait longtemps que les averses auraient dû, selon les habitudes, nous faire sortir nos pépins. Le mois d’octobre est pauvre en pluie, ce n’est pas moi qui le dit, mais météo France. Ce qui renvoie à l’information météorologique à travers trois pays, sur trois continents et leurs conséquences.
Les travaux de la Méga-Bassine ont repris
Tout d’abord, commençons en France, particulièrement dans les Deux-Sèvres à Sainte-Soline. Le projet de « Méga-bassine » fait polémique. Mais qu’est-ce c’est ? Ce sont d’immenses retenues d’eau creusées. Elles peuvent atteindre un volume équivalent à 300 piscines olympiques… Ces gigantesques bassines permettent aux agriculteurs d’avoir des réserves d’eau en été pour irriguer leurs champs lorsque les cours d’eau ne suffisent plus. L’idée est de stocker l’eau tombée en hiver pour arroser l’été. Sauf qu’elles sont remplies par pompage des nappes phréatiques en hiver.
À Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, le projet de construction de 16 réservoirs à destination d’un groupement de 400 exploitants réunis dans la Coop, indigne petits agriculteurs et associations écologistes. « Sainte-Soline, c’est 720 000 mètres cubes d’eau sur plus de 10 hectares, 18 kilomètres de tuyaux pour des agriculteurs, dont pas un n’a renoncé aux pesticides. On ne veut pas que ça se fasse ici, on ne veut pas que ça se fasse ailleurs », dénonce Mélissa Gingreau, la porte-parole du mouvement « Bassines Non Merci ». Les travaux ont repris ce mardi 8 novembre 2022.
Les Piqueteros vent debout
En Argentine, la sécheresse impacte de nombreux producteurs. Elle affecte 140 millions d’hectares, dont sept millions d’hectares sont gravement frappés à Buenos Aires, Santa Fe et Entre Ríos. « Lundi (hier), nous convoquons tous les ministres de la production des provinces touchées parce que nous allons mettre toutes les ressources disponibles, malgré les restrictions que nous avons, pour essayer d’alléger les pertes de travail, qui pour beaucoup sont de six ou huit mois », a déclaré Sergio Massa, ministre de l’Économie.
Le Bureau national de surveillance de la sécheresse a douché les espoirs des agriculteurs. « Dans la zone affectée par des conditions de sécheresse sévère, une plus grande probabilité de précipitations inférieures à la normale est attendue pour le prochain trimestre, tandis que des températures supérieures à la normale sont prévues », indique-t-il. La banque centrale de la république d’Argentine (BCRA) a dû puiser dans ses fonds depuis le début du mois, une dépense de 400 millions de dollars qui plongent les comptes dans le rouge.
La faune kényane se meurt
Une sécheresse d’une intensité inédite depuis quarante ans sévit au Kenya. Quatre saisons de pluies insuffisantes ont des conséquences dramatiques pour la faune. Le moteur économique de l’Afrique de l’Est est à l’agonie. Selon les autorités, au moins 4 millions de personnes sur une population de plus de 50 millions d’habitants souffrent de faim. Plus de 200 éléphants sont morts à cause de la sécheresse entre février et octobre à déclaré vendredi 4 novembre Peninah Malonza la ministre du Tourisme.
« La sécheresse a engendré une importante mortalité de la faune, principalement chez les espèces herbivores (…) en raison de l’épuisement des ressources alimentaires ainsi que des pénuries d’eau », a annoncé lors d’une conférence de presse à Nairobi, ministre du Tourisme.
La Corne de l’Afrique connaît tout simplement sa pire sécheresse en cinquante ans. Elle touche plus de 30 millions de personnes au Kenya, en Éthiopie et, surtout, en Somalie. Elle a fait 1,2 million de déplacés et affecte presque 8 millions d’individus, la moitié de la population. À Baidoa, le fantôme de la famine de 2011, qui avait fait 260 000 victimes, plane toujours, et celle de 1992 encore plus.