Il y a cent ans… tensions multiples en Europe
En Italie, en Espagne et en Irlande, pour des raisons diverses, des tensions existaient ce 30 juin 2022. La guerre civile irlandaise faisait déjà de nombreux prisonniers, blessés et morts. Les pourparlers commerciaux entre l’Espagne et l’Allemagne suspendus jusqu’à nouvel ordre. L’Italie craignait que l’empire austro-hongrois se reforme, n’augurant aucune espérance de paix pour le futur. Mais tout autant sur l’accord italo-yougoslave ou l’arrivée sous-jacente de l’Italie fasciste des années 1922.
Les unités de l’État libre après une préparation militaire intense prenaient une partie du palais de justice à Dublin. Elles ont fait 33 prisonniers, et comptent comme pertes trois hommes et quatre officiers, en sus de dix blessés. « À trois heures quarante-cinq, ils échangeaient avec les troupes d’attaques une fusillade violente », racontait le quotidien L’Homme Libre. La communication dans les différents lieux de l’île était disparate, car les câbles téléphoniques et télégraphiques pour la plupart étaient rompus. La peur d’un soulèvement général des « rebelles » semblait prégnante. D’autant qu’une machine infernale s’installait à Talbot Street. Cette rue et ce coin de Dublin portent les stigmates de conflits passés et futurs. En octobre 1920, le républicain Seán Treacy de Tipperary a été abattu devant le magasin Republican Outfitters au numéro 94, juste après avoir été repéré par des agents britanniques en patrouille clandestine. Mais elle est également meurtrie par les 33 victimes des attentats de Dublin et Monaghan en 1974, dont la façade du mémorial érigé dans Talbot Street commémore cet événement.
L’Italie semblait redouter la reconstitution d’un État austro-hongrois. L’Epoca se faisait écho d’appréhension, car le journal relatait que « nous pouvons espérer régler tous les différends italo-allemands avec le gouvernement résidant à Berlin, mais avec un gouvernement résidant à Munich, nous n’aurions aucune espérance de paix ». Sauf que la politique étrangère fasciste prit place le 31 octobre 1922, elle reposa sur un compromis entre les inclinations personnelles du chef du gouvernement, Benito Mussolini, et le correctif que lui apportait la prudence et la vision à long terme des diplomates. Dès le 3 novembre 1922, en poste trois jours plus tôt, Mussolini expliquait à quelques presses étrangères que l’Italie voulait « être traitée par les grandes nations du monde comme une sœur, non comme. une servante », qu’elle n’avait pas l’intention de « marcher sur les pieds des autres nations », mais qu’elle entendait « faire respecter sa dignité ».